PLAN
Introduction générale
-Définition des Droits de l'Homme.
-Définition de la liberté publique.
Chapitre I : Les droits de l'homme dans la Déclaration de 1789
Section 1 : La genèse de la Déclaration de 1789
Paragraphe 1 : Les sources lointaines de la Déclaration de 1789
A-Le christianisme
B-Doctrine de l’école du droit de la nature et des gens
Paragraphe 2 : Les sources immédiates de la Déclaration de 1789
A-La déclaration d’indépendance des Etats-Unis (1776)
Section 2 : Le contenu et la signification de la Déclaration de 1789
Paragraphe 1 : le contenu de la déclaration
A-La liberté
B-La société politique
C-La loi
D-L’égalité
Paragraphe 2 : la signification de la déclaration
Chapitre II : Les droits de l’homme après 1789
Section 1 : La consolidation des principes de 1789
Paragraphe 1 : Période révolutionnaire
Paragraphe 2 : Les droits de l’homme sous l’Empire et sous la restauration
Section 2 : La critique des principes de 1789
Paragraphe 1 : La constitution française de 1848
A-Les apports de la révolution de 1848
B-La déclaration de 1848 et l’individualisme révolutionnaire
Paragraphe 2 : La doctrine marxiste et les droits publics
Section 3 : La déclaration des droits de l’homme après la 1ère guerre mondiale
Paragraphe 1 : La constitution de la république de Weimar du 11 Août 1919
Paragraphe 2 : La déclaration des droits de l’homme après la 2ème guerre mondiale
Section 4 : Evolution des droits de l’homme après la 2èmeguerre mondiale
Paragraphe 1 : Les droits et libertés dans les constitutions socialistes d’après
® Droits de l'Homme et libertés publiques
Les libertés publiques
Se sont les droits reconnus par l'autorité publique (ils sont déférents des droits naturels). Se sont les Droits de l'Homme reconnus, définis et protégés juridiquement. On peut les classer en trois catégories:
1-Droits individuels qui assurent à l'individu une certaine autonomie en face du pouvoir dans les domaines de l'activité physique (sûreté personnelle, liberté de circulation, liberté et inviolabilité du domicile), de l'activité intellectuelle et spirituelle (liberté d'opinion, de conscience), de l'activité économique (droit de propriété, liberté du commerce et industrie).
2-Droits politiques qui permettent à l'individu de participer à l'exercice du pouvoir (droit de vote, d'éligibilité aux fonctions publiques), les libertés e la presse, de réunion, d'association qui débordent certes le domaine politique peuvent être aussi des libertés d'opposition.
3-Droits sociaux et économiques qui sont les droits pour l'individu d'exiger de l'Etat certaines prédictions (droit au travail, à l'instruction, à la santé....) en même temps que des droits collectifs (droit syndical, droit de grève).
Introduction générale
Pourquoi le respect des droits de l'Homme et libertés publiques est devenu un problème majeur sur le plan planétaire?
Au sortir de la 2ème guerre, suivie de la guerre froide, les droits de l'Homme et libertés publiques font l'objet de controverses et de débats multiples.
En effet, deux ans après la création de l'ONU en 1945 et deux ans après la fin de la 2ème guerre, l'ordre planétaire va être troublé dans l'ère de la guerre froide qui a opposé les deux grandes puissances de l'époque (USA, URSS).
C'est dans ce contexte que fût proclamée la déclaration universelle des droits de l'Homme en décembre 1948.
Cette notion a connu toute une évolution. Aujourd'hui, les droits de l'Homme posent pas mal de contentieux à travers la planète. L'ONU s'érige à nos jours en protectrice des droits humains et de l'environnement.
Selon la conception de la démocratie libérale, les droits de l'Homme sont les droits inhérents à la nature humaine, donc antérieurs et supérieurs à l'Etat et que celui-ci doit respecter non seulement dans l'ordre des buts mais aussi dans l'ordre des moyens.
Toutefois, la démocratie autoritaire "marxiste" pose une condition essentielle : l'inexistence de classe, d'exploitation de l'homme par l'homme.
Pourquoi l'appellation " Droits de l'Homme et libertés publiques"?
Certains auteurs considèrent que les deux se confondent, alors que d'autres disent que non. C'est le cas de JEAN RIVERO qui pose l'inexistence de la confusion et la différence de contenu.
L'Homme a des droits qui lui sont intrinsèques, ce sont les droits naturels.
L'Etat est le produit de l'évolution historique d'un droit divin, le pouvoir étatique repose sur une volonté générale des individus de s'unir. Puisque le pouvoir ne peut pas être exercé par tous, une délégation de pouvoir constitue la règle d'or. Mais souverain légitime du pouvoir signifierait il dictature et despotisme?
Absolument non, l'Etat, certes détenteur de la souveraineté (tout groupement qu'il soit politique ou social doit se soumettre à l'Etat), doit respecter deux principes fondamentaux, seule préoccupation de l'ONU, les droits humains et l'environnement qui n'est rien d'autre qu'un droit humain fondamental (droit à l'environnement). Le droit positif (la loi) doit reconnaître les droits humains et les protéger.
Au contraire, par l'expression "libertés publiques", on distingue des droits reconnus et aménagés par l'autorité publique.
Selon JEAN RIVERO, les droits de l'Homme forment une conception vaste qui varie dans le temps et dans l'espace. Tandis que les libertés publiques ont un cadre restreint. Celles ci sont des droits humains et leur concours n'échappe pas à l'autorité publique. C'est l'Etat qui aménage et contrôle les libertés publiques.
Définition des droits de l'Homme
Celui qui aborde l'étude des droits de l'Homme ne peut manquer à la fois d'être impressionné par la diversité et dérouté par le vaste domaine de la matière.
Si la notion des droits de l'Homme fait partie du vocabulaire courant, sur le plan scientifique il est difficile de la cerner. La notion des droits de l'Homme est aussi rarement élucidée que fréquemment utilisée. Il convient de se pencher sur les différentes définitions qui lui ont été donné.
En effet, plusieurs définitions ont été proposées, chacune s'efforce de cerner au mieux les éléments fondamentaux de la notion.
1- La définition scientifique de "René Cassin 1972"
La science des droits de l'Homme se définit comme une branche des sciences sociales qui a pour objet d'étudier les rapports entre les hommes en fonction de la dignité humaine en déterminant les droits et les facultés dont l'existence est nécessaire à l'épanouissement et la personnalité de chaque être humain.
Nous sommes devant une définition très abstraite, il y a trois éléments à retenir :
1èr Elément : les droits de l’homme constituent une science,
2èr Elément : le critère de cette science est la dignité humaine.
3èr Elément : son objet est la recherche des droits et facultés qui assurent cette dignité.
2- Yves MADIOT en 1976 "Droits de l'homme et libertés publiques"
C'est une définition appelée bidimensionnelle "l'objet des droits de l'homme est l'étude des droits de la personne reconnus dans le droit national et international et qui dans certaine état de civilisation, assure la conciliation entre d’une part, l’affirmation de la dignité de la personne humaine et d’autre part le maintient de l'ordre public".
Cette définition appelle plusieurs remarques
1. Elle met en relief la double dimension des droits de l’homme, international et nationale
- Elle attire l'attention sur les limites que rencontre les droits de l’individu, à savoir l'exigence de l'ordre public.
3- La 3ème définition est d'ordre technique
L'institut international des droits de l'homme fondé en 1969 par René Cassin à Strasbourg, s'est livré e 1971 à une étude importante. Les chercheurs de l’Institut ont soumis à l'ordinateur cinquante mille termes de droits de l'homme de façon à dégager la liste des mots dont la fréquence était la plus levée.
A partir de cette opération technique, on a obtenu une définition surprenante mais réaliste : "les droits de l'homme sont une science qui concerne la personne notamment l'homme travailleur vivant dans le cadre d'un Etat et qui accusé d'une infraction ou victime d’une situation de guerre doit bénéficier d'une protection de la loi grâce à l'intervention du juge national et de celle des organisations internationales telle que les organes de la convention européenne des droits de l’homme qui donnent les droits notamment le "droit à l'égalité" doivent être harmonisés avec les exigences de l'ordre public".
C'est le travailleur qui est directement pris en considération dans des situations précises et ce n'est pas la liberté mais l'égalité qui est considérée comme le droit le plus important.
Les contraintes des trois définitions :
La science des droits de l'homme est une science jeune, carrefour et synthèse, qui pour se développer, doit faire appel à l'ensemble des disciplines sociales.
Sur le plan juridique, cette science concerne le constitutionaliste, l'administrativiste, le pénaliste, l’internationaliste et l'historien du droit.
L'épanouissement des droits et libertés implique l'existence d'un Etat de droit mais aussi la réunion d'une série de facteurs non moins juridiques, un certain degré de développement, un certain type de société, un certain degré d’éducation et de civisme, bref un certain type d'environnement favorable au respect de l'être humain.
On pourrait résumer que les droits de l'homme se définissent en tant que prérogatives régies par les règles de la personne dans ses relations avec les particuliers et avec les pouvoirs.
Les droits que tous les textes solennels que tous les Etats du monde s'engagent à respecter ne sont pas protégés d'une manière efficace. Les pays libéraux eux-mêmes, à partir de septembre 2001, demandent des dérogations. Ainsi, l’exécutif américain va par exemple demander au congrès des dérogations pour avoir plus de liberté pour mener des actions contre le terrorisme.
A la fin du 20ème siècle, l’économie du marché était soumise à la loi de l’offre et de la demande. Mais à partir de la dernière crise, il y a réapparition, dans la pensée libérale, de la nécessité de l’intervention de l’Etat même dans les régimes libéraux où les droits et libertés sont garantis juridiquement. Les droits fondamentaux de la majorité et des minorités sont souvent violés.
Il faut mentionner que depuis la 2ème guerre mondiale, l'autonomie de l'individu et du groupe semble régresser par rapport à ce que voulaient les philosophes des lumières. Lorsqu’il y a une guerre ou en cas de crise, l’ensemble des Etats met en avant l’intérêt de la « Nation » plutôt que l’intérêt de « l’individu ».
Dans les pays du tiers monde, la légitimité du pouvoir est basée sur le principe de la liberté des peuples à disposer d’eux-mêmes dans le mouvement de décolonisation. Alors qu’en Europe, pour construire une société moderne, on a recours à des notions de liberté et d’individualisme.
En temps de crise, l’Etat a des pouvoirs étendus. De ce fait, la puissance publique est amenée à s'immiscer dans toutes les activités des individus et des groupes. Par exemple en France l’affaire du fichier « Individu ». L’Etat français estime qu’il est nécessaire depuis septembre 2001 de se protéger. Alors que les défenseurs des droits de l’homme sont contre l’établissement d’un tel fichier.
Les interventions de l'Etat se traduisent par une réglementation de plus en plus précise des libertés traditionnelles. Dans tous les régimes, libéraux socialistes, etc., l'Etat est puissant et omnipotent, il ne se contente plus de ses prérogatives anciennes, telle que la police, la diplomatie, la justice, la défense. L'Etat se fait à l'heure actuelle commerciale et industrielle, prospecte le marché, etc. D'une manière générale, il ne peut se désintéresser d'une activité touchant l’intérêt général.
Dans ce contexte, les droits et les libertés de chacun ne peuvent plus s'exercer comme avant la 2ème guerre mondiale. Les interventions du pouvoir public font apparaître les libertés publiques comme des notions relatives et sujettes à examen en fonction des nouveaux besoins de la société. L’Etat va contrôler la société et donc légiférer et donc réduire le champ des libertés.
On peut se demander si ce rétrécissement du champ d'activité des individus et des groupes n'est pas compensé par les obligations de l'Etat à l'égard de la société et des citoyens. L'Etat s'engage en effet à faciliter à tous et à chacun la jouissance des droits économiques, sociaux et culturels tels que le droit au travail, à l'éducation, à la sécurité sociale, matérielle, à la santé, le droit au logement. Ces droits nouveaux complètent les droits et libertés traditionnels.
Cette intervention systématique de l'Etat par une réglementation très précise de l'exercice des libertés, ce qui semble de prime à bord comme une limitation.
Par ailleurs, il faut rappeler que les libertés publiques ont toujours bénéficié d'une attention particulière du pouvoir constituant et du pouvoir législatif et ceci se voit aussi bien dans les régimes libéraux, socialistes que dans les pays nouvellement indépendants.
En effet au 18ème siècle le mot constitution avait une signification à la fois matérielle et politique. D'une part c'était le texte qui précisait l'organisation de l'Etat mais c'était surtout celui qui proclamait les droits et les libertés et en assurait la protection.
C'est pour cette raison que l'habitude s'était instituée à faire figurer les déclarations des droits de l'homme sa tête. Il fallait en conclure que l'obligation était faite à l'ordre social et politique de protéger ces droits.
Par ailleurs, les pays socialiste ont affirmé des droits et libertés dans un contexte nouveau mais dans l'ensemble ils ont porté le même intérêt au problème des droits fondamentaux.
En effet les constitutions socialistes comportent des articles sur les libertés des citoyens, mais cette prérogative ne peut s'exercer que pour préserver l'ordre socialiste.
Les pays nouvellement indépendants ont porté la même attention aux droits et libertés des citoyens. Ceci s'explique par le fait que ces droits et libertés étaient refusés aux populations autochtones de ces pays. Cette attention s'exprime dans les constitutions qui comportent toujours un préambule et un certain nombre d'articles proclamant les droits et parfois aussi les devoirs des citoyens.
En ce qui concerne le Maroc, il faudra souligner que dès son retour de l'exil, le Souverain feu Mohamed V avait proclamé, dans son discours du trône du 18 novembre 1955, sa volonté de reconnaître aux marocains la jouissance des libertés individuelles et collectives. Cette volonté allait se concrétiser dans une série de textes de loi (dahir) ainsi que dans les déclarations solennelles en attendant la promulgation de la 1ère constitution écrite de 1962. Cette première constitution qui a été adoptée par référendum le 12 décembre 1962, comportait un préambule et une série d'articles groupés sous le titre "droits et devoirs du citoyen"
Il est à remarquer que ces dispositions ont été reprises sans modification des les constitutions révisées de 1970, 1972, 1992 et 1996.
Dans la constitution de 1992, un paragraphe a été ajouté dans le préambule par lequel le Maroc réaffirme son attachement aux droits de l'homme tels qu'ils sont universellement reconnus.
Dès lors que les libertés individuelles et collectives bénéficient de l'attention particulière du pouvoir constitutionnel. Leur régime juridique (garantie) revêt une grande importance aux yeux des citoyens et c'est la raison pour laquelle il fallait consacrer aux libertés publiques un enseignement autonome.
Car à la différence des autres disciplines juridiques qui jouissent de leurs spécificités, les libertés publiques ne constituent pas une discipline autonome par elle-même, mais se situent au carrefour de plusieurs matières et emprunte à chacune de ces matières une partie de son contenu.
La définition de la liberté publique
La définition des libertés publiques doit retenir notre attention. Définir les libertés publiques est une entreprise difficile car d'une part aucun texte n'en dresse la liste complète et d'autre part aucun texte n'en donne le contenu exact. Il est question d'une étude des libertés et non de la liberté.
La liberté est un concept abstrait, métaphysique qui intéresse les philosophes. Alors que les libertés publiques constituent une matière réglementée et intéresse le juriste et le politique.
On trouve également une différence autour de la méthode de l'étude. Le juriste s'intéresse à l'aspect réglementaire, à l'exercice des libertés, c'est-à-dire qu'il étudie les libertés telles qu'elles s'exercent dans le cadre social.
On remarque aussi que ces libertés sont qualifiées de publiques, ce qui laisse entendre, il faut entendre ici par le mot « publiques » que les libertés étudiées supposent pour leur exercice, l'intervention de la puissance publique.
Ainsi, on peut définir les libertés publiques soit par leur objet soit par leur régime.
Par leur objet on dirait que c'est l'ensemble des libertés reconnues aux individus et aux groupes d'individus dans un ordre social donné.
Par leur régime on dirait que les libertés publiques sont l'ensemble des libertés reconnues aux citoyens et qui s'exercent sous la protection et la garantie de l'Etat.
Deux grandes définitions sont à retenir.
1ère définition : les libertés publiques sont des facultés reconnues aux hommes qui s'exercent dans un cadre aménagé par l'Etat.
2ère définition : les libertés publiques sont le pouvoir qui appartient aux hommes et qui appelle pour s'exercer la reconnaissance et l’aménagement de l'Etat.
Enfin, il faudrait souligner que les libertés publiques jouissent traditionnellement d'un régime juridique de faveur. Leur protection est dominée par deux principes :
1er principe : la compétence exclusive du législateur.
2ème principe : la compétence du juge de l'ordre judiciaire.
®Titre I : La conception des droits de l'homme
C'est à partir de la philosophie qui vise à faire reconnaître et garantir les droits de la personne humaine que s'est constitué le régime juridique des libertés publiques.
La Déclaration des droits de l'homme et du citoyen de 1789 constitue l'un des premiers actes concrets sinon le premier dans la voie de l'affirmation des droits et libertés et de leur protection imitées et reprises dans d'autres déclarations du même genre en France et dans d'autres pays.
Mais elle nous apparaît aujourd'hui comme insuffisante du fait de l'évolution de la notion des droits fondamentaux. Laquelle évolution apparaît dans les doctrines des écoles contemporaines à travers la Déclaration universelle des droits de l'homme de 1948. De cette déclaration découle les deux pactes internationaux l’un des droits civils et politiques et l’autre des droits économiques, sociaux et culturels, adoptés en 1966.
Chapitre I : Les droits de l'homme dans la Déclaration de 1789
Le contenu de la Déclaration nous incite à nous interroger sur genèse au milieu des événements de l'époque révolutionnaire et à en préciser les caractères généraux et mentionner le destin qu'elle devait connaître.
Section 1 : La genèse de la Déclaration de 1789
Le 26 Août 1789 l'assemblée nationale (constituée des représentants du clergé, de la noblesse et du tiers état) procédait au vote des 17 articles constituant la Déclaration après des débats particulièrement lents et houleux.
La Déclaration devait figurer en guise de préambule de la constitution du
03 septembre 1791. Elle était l'œuvre d'une assemblée dans des circonstances particulières. Elle cherchait cependant à atteindre l'universel telle qu'il apparaît dans le titre qui lui a était donnée où il est question des droits de l'homme et du citoyen.
Pour en saisir la genèse et le sens, il convient de ne pas perdre de vue qu'elle a été élaborée par une assemblée dans le tumulte de la révolution et ceci entraîne un certain nombre de conséquences. Tout d'abord, il ne faut pas chercher dans la Déclaration l'expression d'une idéologie propre. En effet, elle n'est pas le manifeste de la révolution française à laquelle tout le monde se réfère. Elle est seulement la traduction simplifiée de la doctrine révolutionnaire telle qu'elle était comprise et souhaité par l'opinion française.
Ensuite, cette Déclaration était une œuvre de synthèse de différents éléments empruntés à la réalité sociologique et philosophique française, à la philosophie du XVIIIème siècle, à la philosophie libérale anglo-saxonne promue au grand devenir par la révolution américaine.
A cet égard, il faut rappeler la querelle qui a opposé le juriste Allemand Georg Jellinek et le sociologue français Emile de Bounty au sujet de la genèse de la Déclaration.
Pour Georg Jellinek, elle n'est que le plagia de la déclaration américaine du même genre et de même époque. Pour Georg Jellinek, on y trouve aussi bien des ressemblances formelles que des ressemblances sur le fond. En soutenant cette idée, Georg Jellinek voulait rattacher la Déclaration de 1789 au patrimoine anglo-saxon et même au génie germanique.
Emile de Bounty, devait lui répondre en disant que la Déclaration de 1789 était une œuvre authentiquement française, élaborée par l'assemblée et qui ne devait rien aux Déclarations des Etats-Unis de la même époque. Et que s'il y avait des ressemblances, elles étaient dues au hasard.
En fait, les deux positions ne sont pas entièrement fondées. La Déclaration de 1789 devait être le reflet des préoccupations politiques des sociétés européennes et américaines de la fin du XVIIIème siècle.
Il faudrait souligner enfin, que la Déclaration était l'œuvre d'hommes politiques, et de ce fait elle manque de rigueur scientifique, et de rigueur doctrinale et juridique. Elle est seulement l'expression des revendications d'une partie de la population française dans des circonstances déterminées. La Déclaration de 1789, apparaît comme l'apport de sources lointaines et de sources immédiates.
Paragraphe 1 : Les sources lointaines de la Déclaration de 1789
Le christianisme et l'école du droit de la nature et des gens (Jusaturaliste), représentent les deux sources lointaines de la Déclaration.
A-Le christianisme
A ce propos on peut dire que le christianisme a apporté deux idées à la révolution française. D'une part la dignité de la personne humaine, et d'autre part la notion du pouvoir limité.
L'idée de la dignité de la personne humaine en fait de la philosophie antique, mais le christianisme devait défendre l'idée selon laquelle l'homme est digne de respect d'abord parce qu'il est la créature de Dieu et ensuite parce que c'est une créature privilégiée, la seule qui soit destinée à connaître la vie éternelle. De plus, la conception que les chrétiens se font de la personne de Jésus comme intermédiaire être la Divinité de Dieu et le genre humain permet de défendre avec plus de rigueur l'idée de la dignité. Enfin, selon la conception chrétienne, l'homme est créé lui-même à l'image de Dieu et par conséquent ce qui est dû au créateur doit être exprimé d'une certaine manière à l'égard e l'homme.
Par ailleurs, l'idéologie chrétienne insiste sur l'idée de la limitation du pouvoir. Le pouvoir absolu n'appartient qu'à Dieu. Et tout pouvoir terrestre et humain doit être nécessairement limité. Par conséquent toute organisation politique doit supposer un système de limitation des prérogatives du pouvoir.
B-Doctrine de l’école du droit de la nature et des gens
Les membres de la cité jouissent d'un certain nombre de droits. Ils doivent s'opposer à toute forme de pouvoir absolu et tyrannique. C’est sur la base de ces idées véhiculées par le christianisme que devait s’élaborer la doctrine de l’école du droit de la nature et des gens. Les premiers éléments de cette philosophie apparaissent dans des écrits de deux ecclésiastiques espagnols, Swares et Victiria. Pour ces deux hommes de l’église, il y a un droit préexistant à l’Etat et qui est inhérent à la nature et à la société humaine. En plus ce droit qui est qualifié de naturel est indépendant de la révélation, et est supérieur au pouvoir politique. Ainsi le droit positif « l’Etat » doit se conformer à ses principes.
Deux auteurs reprennent ces idées, GROTIUS et PUFENDORF aux XVIIème siècles. Ces deux philosophes insistent sur le fait que le droit naturel est indépendant de la religion et de ce fait ils lui donnent un fondement naturel de plus de l’Etat de nature qui est une hypothèse qui découle de la notion du contrat social et celui-ci est considéré l’acte par lequel les hommes doivent s’associer pour former une société politique. De toute manière, ce pacte ne peut avoir comme conséquence l’aliénation de la liberté car l’homme tient sa liberté de sa nature même d’être humain. La notion de pacte social ou de contrat social a été par la suite développée sur le plan de concept politique par deux philosophes anglais THOMAS HOBBES et JOHN LOCKE.
Pour HOOBES, l’homme était soumis à la loi du plus fort quand il connaissait l’état de nature et il décide d’adhérer à la société pour échapper à l’insécurité et de ce fait il a dû renoncer à tous les droits qui il tenait à l’Etat de nature et ces idées sont exprimées dans Le Léviathan (1650).
Par ailleurs, LOCKE souligne l’idée que l’homme est toujours à la recherche d’un bien être. Il a quitté l’état de nature pour avoir de meilleures conditions de vie. Par conséquent, il n’a pas renoncé à tous les droits dont il jouissait avant la constitution de la société mais seulement à ceux pour lesquels la renonciation était indispensable. Les autres droits qui sont des droits fondamentaux, l’homme continu à en jouir et l’Etat doit s’abstenir d’y porter atteinte. C’est cette dernière conception du contrat social qui sera le fondement du libéralisme anglo-saxon et qui s’exprimera dans les déclarations américaines d’indépendance.
Paragraphe 2 : Les sources immédiates de la Déclaration de 1789
A-La déclaration d’indépendance des Etats-Unis (1776)
elle est la philosophie du XVIIIème siècle. La déclaration d’indépendance des Etats-Unis est signée et approuvée par le Congrès de Philadelphie, le 4 juillet 1776. Elle est l’acte politique qui enclenchait la Révolution américaine. Elle était écrite par THOMAS JEFFERSON, alors délégué de l’Etat de Virginie. La déclaration d’indépendance était le symbole de la rupture définitive entre les treize colonies et la Grande-Bretagne. Elle faisait suite à la Déclaration des droits, écrite par BENJAMIN FRANKLIN et THOMAS JEFFERSON, le 1er juin 1776, et à la Résolution d’indépendance du 2 juillet 1776, votée par le Congrès. On pouvait y trouver les traces de trois influences. D’abord une influence religieuse et spirituelle attestée par les principes telle que la liberté individuelle et d’obligation pour l’Etat de respecter les droits des individus. De plus il y avait des éléments libéraux empruntés, à savoir le principe de la liberté politique et celui de la liberté individuelle. Enfin, il y avait une influence nettement exprimée de la philosophie du XVIIIème siècle, en particulier les idées de CHARLES DE MONTESQUIEU.
Les déclarations américaines d’indépendance se caractérisent cependant par leur contenu concret, ce ne sont des déclarations philosophiques, elles cherchent à exprimer les besoins de la société américaine. Dans la déclaration du 04 juillet 1776, on trouve “Nous tenons pour évidentes pour elles-mêmes les vérités suivantes : tous les hommes sont créés égaux ; ils sont doués par le Créateur de certains droits inaliénables; parmi ces droits se trouvent la vie, la liberté et la recherche du bonheur. Les gouvernements sont établis parmi les hommes pour garantir ces droits, et leur juste pouvoir émane du consentement des gouvernés.”
Toutes ces déclarations figureront en préambule des constitutions des Treize colonies de la Grande-Bretagne. Elles ont incontestablement influencé la Déclaration Française de 1789. Tout d’abord, elles se présentent comme un exemple concret et ensuite elles ont été introduits en France par les soins de BENJAMIN FRANKLIN et GILBERT DE LA FAYETTE. L’influence de la philosophie du XVIIIème siècle, c’est surtout celle de la pensée de C. DE MONTESQUIEU et de
J.J. ROUSSEAU.
MONTESQUIEU a surtout été populaire en Amérique à travers son ouvrage « l’esprit de la loi » publié en 1758. Grâce aux passages consacrés à la séparation du pouvoir, on sait que MONTESQUIEU ne concevait la liberté que dans un régime adoptant ce principe. Car il se méfiait du pouvoir exécutif et selon son expression « pour que la liberté soit sauvegardée, il faut que le pouvoir arrête le pouvoir ». Il a surtout insisté sur le fait que l’exécutif doit être soumis à la loi.
Par contre ROUSSEAU refusait le principe de la séparation du pouvoir dans son livre « le contrat social » publié en 1762 dans lequel il ne voyait pas nécessairement une garantie de la liberté. Sa pensée part de la même hypothèse que celle des philosophes du droit de la nature et insiste sur l’idée du contrat social. Pour lui, l’homme adhérant à la société ne garde aucun de ses droits. Mais pour que le pouvoir ne dégénère en autorité oppressive, il faut assurer le règne de la volonté générale.
Dans la Déclaration de 1789, on a retenu deux grands principes. D’abord l’homme tient ses droits de sa nature même, par conséquent ce sont des droits naturels. Et d’autre part, la loi est l’expression de la volonté générale.
La Déclaration de 1789, laisse de coté la démocratie directe, et adopte le principe de séparation des pouvoirs. Ainsi, elle se situait au carrefour de plusieurs courants, les aspirations des hommes de la révolution, la philosophie du XVIIIème siècle, et l’école du droit de la nature et des gens. Cette Déclaration devait figurer en préambule de la 1ère constitution écrite française du 03 décembre 1791.
Section 2 : Le contenu et la signification de la Déclaration de 1789
La Déclaration constate et proclame les droits naturels. On va s’interroger sur le sens des formules utilisées et en préciser la portée politique et juridique.
Paragraphe 1 : Le contenu de la déclaration
La Déclaration met l’accent sur quatre thèmes fondamentaux : la liberté, la sûreté qui sont le fondement de la société politique, la propriété et la résistance à l’oppression.
A-La liberté :
C’est le premier droit proclamé. L’article 1er dit en particulier : « Les hommes naissent et demeurent libres ». Ainsi, la liberté est considérée comme un droit naturel. L’article 4 la définit ainsi « la liberté consiste à pouvoir faire tout ce qui ne nuit pas à autrui ». La loi doit préciser les conditions dans lesquelles elle s’exerce. Les articles 7, 8 et 9 citent quelques libertés particulières surtout la liberté individuelle ou la sûreté. La liberté d’opinion est citée dans l’article 10, la liberté de pensée dans l’article 11.
Le titre 1er de la constitution de 1791 ajoute la liberté de réunion qui est définie comme la liberté de se rassembler paisiblement et sans armes. De même la constitution ajoute la liberté du droit d’adresser des pétitions au pouvoir politique.
Cette liste n’est pas exhaustive, le principe général reste l’article 4 dont les autres ne sont que des exemples. La liberté est toujours définie comme le droit de pouvoir agir sans nuire à autrui.
B-La société politique :
Le but de l’Etat est la conservation des droits imprescriptibles. L’article 2 stipule « le but de toute association politique est de conserver les droits naturels et imprescriptibles de l’homme ». Ainsi, on assigne à la société politique un but individualiste. La Déclaration la subordonne à l’homme et en fait le cadre de son épanouissement. Celui-ci doit lui assurer le bonheur.
Les structures de la société politique doivent lui assurer sa fonction première et naturelle donc la conservation de ses droits. Les articles 3 et 6 déterminent les conditions pour assurer une meilleure conservation des droits de l’homme. L’article 3 proclame la souveraineté nationale et qu’aucune autorité autre que la nation ne peut exercer la souveraineté. Mais le membre de la société reste libre, n’obéit à personne mais obéit à la volonté générale. Au niveau de l’article 6, il consacre le principe que chacun a le droit de concourir à l’expression de la volonté générale.
La loi est l’expression de la volonté générale, tous les citoyens ont le droit à concourir ou par ses représentants à sa formation. Et de cette manière, le lien est établi entre la liberté, la souveraineté de la nation, la démocratie et le règne de la loi. Il en résulte un certain nombre de conséquences. On peut citer également l’article 12 qui insiste sur la création d’une force publique pour permettre la garantie des droits et des libertés. Les articles 13 et 14 instituent le principe de la contribution aux charges publiques.
L’article 15 parle de la responsabilité des agents publics « la société a le droit de demander compte à tout agent public et à son administration ». Quand à l’article 16, il reprend l’idée de la séparation des pouvoirs « toutes société dans laquelle la garantie des droits n’est pas assurée, la séparation des pouvoirs non déterminée n’a pas de constitution ».
C-La loi :
L’article 4 dispose que la loi détermine les limites de la liberté et qu’elle est la compétence du législateur. L’article 5 ajoute que « nul ne peut être contraint à faire ce que la loi n’ordonne pas ». L’article 7 précise que celui qui manque à l’obéissance se rend coupable par la résistance. La loi prévoit les délits, fixe les peines et détermine les exigences de l’ordre public. Ainsi la place de la loi est capitale dans la Déclaration des droits de l’homme et du citoyen.
La loi assure le lien entre la liberté et la société politique à savoir l’Etat. Certains auteurs ont même parlé de la dictature de la loi. On se demande si elle ne constitue pas elle-même un danger pour la liberté. C’est pourquoi on va inventer le contrôle de la constitutionalité des lois. La loi est définie comme l’expression de la volonté générale. Elle ne peut de ce fait, être oppressive. Elle est au service de la liberté et doit en assurer la conservation. Il est à remarquer que les hommes de la révolution ont retenu la définition avancée par ROUSSEAU sans consacrer le principe de la loi élaborée directement par le peuple. De plus un certain nombre de limites ont été assignées à la loi par la Déclaration de 1789 et le titre premier de la constitution de 1791. C’est ainsi que l’article 5 dispose que « la loi n’a le droit de défendre que les actions nuisibles à la société.» donc il est de l’art d’exiger qu’elle soit la même pour tous.
Enfin, l’article 8 de la Déclaration dispose « La loi ne doit établir que des peines strictement et évidemment nécessaires. » Le titre premier de la constitution de 1791 va dans le même sens puisqu’il interdit le législateur de faire des lois portant atteinte à l’exercice des droits naturels et civils.
D-L’égalité :
L’article premier de la déclaration affirme que « Les hommes naissent et demeurent libres et égaux en droits. » par conséquent L’Etat est droit naturel et ceci exclu les inégalités dues à la naissance ou à l’appartenance sociale. Ceci implique surtout l’égalité devant la loi et la non discrimination en ce qui concerne l’accès aux emplois publics.
En effet, l’article 6 dispose que « la loi doit être la même pour tous, soit qu’elle protège, soit qu’elle punisse. » Ainsi, la Déclaration supprime les inégalités juridiques de l’ancien régime. Cependant, le principe de l’égalité de tous était contrebalancé par le principe du respect de la liberté de chacun et surtout celui de la propriété individuelle. La propriété étant considérée comme point fort de la société libre, elle était définie comme un droit inviolable et sacré [article 17]. Par conséquent l’ordre social était tenu de respecter le principe de la propriété privée, ce qui conserve un régime d’inégalité de fortune contre lequel la loi elle-même ne pouvait rien.
Paragraphe 2 : la signification de la déclaration
Dans le préambule les rédacteurs cherchent à exposer dans la déclaration solennelle les droits naturels et les libertés de l’homme. Il s’agit d’une reconnaissance et d’une déclaration. Il est évident que ces droits sont naturels et antérieurs à la société politique. L’assemblée les constates mais ne les crées pas. L’exposé que la déclaration en fait doit pouvoir expliquer le contenu des droits et les présenter sous forme de vérités incontournables. De plus, l’affirmation de ces droits « naturels » n’a de sens que si cela vise les garanties et la déclaration indique au pouvoir public les droits qu’il doit garantir mais ne précise pas comment.
L’article 16 précise que « Toute société dans laquelle la garantie des droits n’est pas assurée ni la séparation des pouvoirs déterminée, n’a point de Constitution.»
Par ailleurs, le titre premier de la constitution de 1791, dispose que celle-ci garantit comme droits naturels et civils les prérogatives individuelles proclamées par la constitution.
Ainsi la Déclaration n’est pas un texte théorique, elle vise la reconnaissance et la garantie des droits qui sont ceux des membres de la société libre.
Les droits déclarés sont qualifiés de droits naturels par les hommes de la révolution. De là découle un certain nombre de conséquences. Les droits proclamés sont qualifiés d’inviolables, imprescriptibles, sacrés et inaliénables c'est-à-dire que l’homme ne peut y renoncer sans renoncer à ses qualités d’être humain. Sacrés, veut dire surtout que les pouvoirs publics doivent s’abstenir d’y porter atteinte. De plus, tous ces droits sont les mêmes pour tous, c'est-à-dire que tous les membres de la société en jouissent de la même manière.
Enfin, ces droits sont ceux de l’homme en général et de ce fait ils sont universels et ne sont pas les droits d’une société déterminée. Il faut aussi souligner le caractère absolu de la nature de ces droits qui est nettement exprimé dans la Déclaration. C'est-à-dire que l’homme est le maître de ses facultés, de ses droits et de ses prérogatives. C’est lui qui choisi les objectifs à atteindre en exerçant ses droits.
Reste une dernière question à poser « pourquoi les hommes de la révolution ont-ils distingué entre les droits de l’homme et ceux du citoyen ?»
Les droits de l’homme : entendent droits naturels antérieurs à la société.
Les droits du citoyen : rappelaient surtout les droits de l’individu en tant que membre d’une société organisée tel que le consentement, le paiement de l’impôt et le concours à la formation de la loi.
La Déclaration de 1789 fit véritablement date dans l’histoire de l’affirmation des droits fondamentaux. Elle a été considérée comme la déclaration par excellence aussi bien en France que dans d’autres pays. En France, elle fit l’objet d’un véritable culte pendant un siècle. Les publicistes français n’ont cessé de parler des principes immortels de 1789. Les constitutions françaises de 1946 et 1958 s’y référent. Cependant, certains principes de la Déclaration nous apparaissent aujourd’hui insuffisants parfois comme un certain nombre de principe déposés dans l’ensemble, les droits proclamés sont considérés comme les droits fondamentaux de l’homme et aucun texte ne les a expressément rejetés.
La Déclaration des droits de l’homme exprime une conception individualiste des droits de la société politique. Mais cet individualisme si il est dépassé dans les faits, se trouve toujours exprimé dans certains principes comme la liberté de l’individu, la subordination de l’Etat à l’individu, l’égalité et l’absence de discrimination.
Certains parmi les principes de la Déclaration sont toujours consacrés. C’est le cas de la compétence du législateur en matière de réglementation des droits et libertés publiques. C’est également le cas du principe de la compétence en matière du droit pénal. Enfin, le principe de l’égalité devant l’impôt contenu dans la Déclaration est toujours respecté.
Par ailleurs, le temps a réduit la base idéologique de la Déclaration de 1789. L’erreur venait de la conception initiale des droits de l’homme et de la société organisée.
L’état de nature n’était qu’une hypothèse qui admet les droits naturels de l’homme antérieurs à la société. Ainsi, on serait tenté de dire que la Déclaration de 1789 est un texte abstrait de nature philosophique. Ce n’est certainement pas le cas car les droits qu’elle affirme sont en fait la condamnation des abus de l’ancien régime.
Le principe d’égalité détruit le système des privilèges. L’affirmation de la liberté d’opinion était destinée à garantir l’expression des idées et si le droit de propriété était défini comme un droit inviolable et sacré c’était pour mettre fin aux abus et aux atteintes à ce droit sur la base du principe du domaine imminent. En effet, sous l’ancien régime, il y avait un principe selon lequel toutes les terres de France étaient sensées appartenir au Roi et que les propriétaires n’ont été en fait que des temporaires. Et il était toujours possible de procéder à une expropriation d’un bien immobilier sans que les droits de propriété soient respectés.
La Déclaration de 1789 obéit au principe du domaine de droits proclamés et concrets et ce caractère nous apparaît actuellement comme évident. La Déclaration était négative du fait qu’elle n’instituait que le pouvoir de faire et qu’elle était surtout destinée à empêcher l’Etat de porter atteinte aux droits proclamés à savoir l’organisation des secours publics et l’instruction publique.
Chapitre II : Les droits de l’homme après 1789
La période commencée en 1789 est marquée par la consolidation des droits proclamés par la déclaration de 1789. Ce sont des droits politiques et individuels que les différents dirigeants français prennent à leur compte et que d’autres Etats vont adopter à leurs tours dans leurs constitutions et leurs lois.
Après la 1ère guerre mondiale, l’affirmation de nouveaux droits d’ordre économique et social apparaîtra d’abord dans les constitutions d’inspirations marxistes. Puis dès 1945, dans les constitutions de nouveaux pays occidentaux. Ainsi, la philosophie des droits et libertés se développe. Elle fait une place aux droits de la famille et prend en considération l’homme concret, donnant ainsi une place importante aux droits économiques et socioculturels.
Section 1 : La consolidation des principes de 1789
L’instabilité politique en France à partir de 1791 se traduit par une succession rapide de régimes et de gouvernements qui cherchent généralement à introduire de nouvelles organisations des pouvoirs mais ne remettent pas en cause les principes de 1789.
En France, un souffle se fait sentir en 1848. Ces effets annoncent un tournant dans la conception des droits fondamentaux.
Paragraphe 1 : Période révolutionnaire
De 1791 à 1795 : 3 constitutions sont élaborées en France. D’abord un projet de constitution girondine en février 1793 qui ne fut jamais appliquée. Ensuite, la constitution montagnarde du 24 juin 1793. Enfin, la constitution du 22 Août 1795, appelée 5 fructidor an III.
Dans ces constitutions, on trouve des préambules rédigés sur le modèle de la déclaration 1789. Et dans ces déclarations, il y a un grand nombre de similitudes. Et ceci s’explique d’abord par le fait que tout cela était fait au cours de périodes très courtes. Les rédacteurs étaient animés par le même esprit révolutionnaire. Enfin, c’était la même assemblée qui les avait élaborées.
La constitution girondine commençait par une déclaration en 33 articles sans préambule. Elle était moins dogmatique que celle de 1789 et consacrait plusieurs de ces dispositions aux libertés d’ordre économiques tels que la liberté de commerce, du travail, le droit de propriété y était également affirmé comme droit inviolable et sacré. Mais, certaines dispositions sont également signalées telles que l’obligation de l’état d’assurer les secours publics et l’instruction pour tous.
L’article 24 définissait les secours publics comme dette sacrée de la société envers l’individu. Alors que l’instruction était qualifiée comme un besoin de tous. L’article 7 reprenait l’idée d’égalité, définit comme étant la faculté reconnue à chacun de jouir les même droits que les autres citoyens. La constitution contient le principe du non rétroactivité des lois.
La constitution montagnarde reprenait les libertés économiques, l’instruction, les secours publics et la résistance à l’oppression. L’article 3 affirmait que tous les hommes sont égaux par nature et devant la loi. Par conséquent, il y a toujours une égalité abstraite, théorique au développement de l’homme. Il s’agit d’une idéologie abstraite. Cependant, il y a eu adoption d’une loi sur l’abolition de l’esclavage dans les colonies françaises mais cette abolition reste sans lendemain, elle devient effective en 1848.
En fait, toutes les constitutions portaient la marque d’effets quotidiens et traduisaient l’échec des gouvernants. Il y a eu des affirmations qui sont plus politiques que juridiques. L’article 27 stipulait « tout individu qui usurpait la souveraineté soit à l’instant mis à mort par les hommes libres. »
L’article 35 disait : quant le gouvernement viole les droits du peuple, l’insurrection est pour le peuple et pour chaque portion du peuple, le plus sacré des droits et le plus indispensable du pouvoir.
Il faut aussi signaler l’art 123 de la constitution rédigé dans des termes pathétiques « La République française honore la loyauté, le courage, la vieillesse, la piété filiale, le malheur. Elle remet le dépôt de sa Constitution sous la garde de toutes les vertus. »
Enfin, la chute de ROBESPIERRE devait marquer un tournant de l’histoire de la convention. On devait parler à cette occasion de réaction. En effet, l’assemblée, privée de ses éléments les plus actifs, allait s’engager dans la voie de modération et de la prudence. Les journées révolutionnaires n’inspirent plus que des regrets et les nouveaux dirigeants cherchent surtout à mettre fin à l’anarchie et calmer la peur révolutionnaire et c’est ce qui explique que la nouvelle déclaration des droits de l’homme qui proclamait également les devoirs des citoyens. Les devoirs sont exprimés dans des formules conventionnelles.
L’article 4 dispose « Nul n'est bon citoyen, s'il n'est bon fils, bon père, bon frère, bon ami, bon époux. » (Constitution du 5 Fructidor An III).
Ainsi, on insistait sur les vertus des valeurs familiales. Une distinction est faite entre la déclaration des droits et la garantie des droits. Une disposition interdit les attroupements sur la voie publique. La déclaration de 1793 ne disait pas un mot sur le droit de manifestation, et pas un mot sur la répression.
L’aspect doctrinal et philosophique disparaît de la déclaration. L’individualisme est atténué, la vie familiale est mise sur l’honneur et la liberté d’association est reconnue pour les sociétés dans le but de concourir au progrès des sciences, des lettres et des arts.
Les libertés personnelles et individuelles sont réaffirmées mais d’une manière claire et explicite. Les garanties de certains droits sont données de manière détaillée. C’est le cas de l’inviolabilité du domicile. Quant à la liberté d’association, elle est limitée parce que considérée comme contraire à l’ordre public.
La déclaration consacrait enfin le droit de propriété qui est considéré comme une source de richesse, ainsi que la liberté de commerce et l’exercice des diverses professions. Un titre entier est consacré à l’instruction publique, mais la déclaration reste muette sur les secours publics.
Paragraphe 2 : Les droits de l’homme sous l’Empire et sous la restauration
Les constitutions françaises ultérieures reprennent les droits proclamés en 1789 et dans les déclarations qui ont suivi. Ces droits sont généralement cités mais dépouillés de leurs contextes philosophiques. Avec le consulat et puis sous l’Empire on ne pense qu’à consolider l’apport révolutionnaire en matière de droit sans chercher à l’innover.
C’est ainsi que la constitution de l’an VIII [La constitution du 22 Frimaire an VIII (13 décembre 1799)] disposait qu’elle était elle-même fondée sur les droits sacrés de la liberté et de l’égalité. L’accent est mis sur la liberté individuelle et l’inviolabilité du domicile.
La charte de 1814 devait être octroyé par Louis XVIII, un souverain qui savait que le retour à l’ancien régime était impossible mais qui n’était pas moins décidé à mettre fin à l’ardeur révolutionnaire. C’est ainsi qu’un chapitre de la charte a été consacré au droit public français, notamment l’égalité devant la loi, devant l’impôt et l’égal d’accès aux emplois publics. La liberté religieuse était également affirmée de même que le libre exercice des cultes. Enfin, la liberté d’opinion. En effet, elle disposait que tout citoyen avait le droit d’exprimer ces idées, de les publier et de les faire imprimer.
Ainsi si la révolution française avait échoué sur le plan institutionnel, en ce sens qu’elle n’avait pas réussi à substituer la monarchie absolu un régime stable et durable, elle a su néanmoins imposer à travers la succession de régimes des gouvernants un certain nombre de principes qui affirment les droits de la personne humain face au pouvoir.
Ces droits dont la consolidation signifiait la rupture avec le passé qui allait servir de base à tous régimes politiques à l’époque libérale.
Section 2 : La critique des principes de 1789
L’année 1848 est considérée comme une année capitale dans l’évolution des institutions. C’est d’abord une année de révolution en France qui marque l’entrée en scène de la classe laborieuse auparavant exclu de l’action politique. C’est aussi l’année qui voit se produirent des remous dans les monarchies autoritaires et absolues de l’Europe centrale notamment l’Allemagne et l’Autriche. Enfin, 1848 est l’année de la publication du manifeste parti communiste. Le fait que ces évènements se sont produits la même année n’est pas du hasard. En effet, la révolution industrielle avait engendré en France, en Angleterre et en Allemagne une misère indescriptible. Les ouvriers travaillaient dans des conditions très dures et gagnaient très peu, et ceci semblait inhérent aux systèmes des libertés économiques.
Le principe de la liberté de commerce et de l’industrie permettait certes la croissance des richesses mais provoquait une concentration des biens entre les mains d’une minorité à savoir la bourgeoisie.
La démocratie libérale, par le procédé du suffrage censitaire, restreint la participation à la vie politique aux citoyens aisés. Il en résulta un bouillonnement dans les idées et dans la société elle même. Ce n’est donc pas un hasard si MARX et ENGELS achevaient la rédaction du manifeste du parti communiste l’année même ou le frémissement de la situation sociale en France dégénérât en émeute puis en révolution.
En1847 ALEXIS DE TOCQUEVILLE écrivait un article à propos du droit de propriété dans lequel, il exprimait ces craintes quant à la patience de ceux qui n’ont rien et qui ont manifesté de la patience depuis la révolution de 1789. ALEXIS DE TOCQUEVILLE se demandait si la classe des pauvres n’allait pas un jour remettre en cause par une réaction violente des fondements même de l’ordre social. A la même époque plusieurs penseurs entreprenaient la critique systématique de la société bourgeoise, de l’individualisme démontant les insuffisances et même l’injustice des droits individuels tels que le droit de propriété.
Certain nombre d’auteur émergent dans la pléiade des théoriciens de l’ordre social nouveau. Parmi ces noms, on trouve SAINT SIMON, FOURRIER et PROUDHON. On trouve également, LOUIX BLANC, MARX et ENGELS.
Certaines parmi les idées des théoriciens socialistes devaient être exprimés dans la déclaration de droits de 1848.
Paragraphe 1 : La constitution française de 1848
On considère généralement cette constitution et son préambule comme des textes novateurs qui ont cherché à concilier consigner les principes de 1789 avec les exigences de la révolution sociale.
Au fait, malgré les dispositions nouvelles concernant les droits économiques et sociaux des citoyens, le caractère novateur de la constitution de 1848 restait limité. Certes, cette constitution assignait aux gouvernants la tache « d’aider les citoyens à marcher dans la voie du progrès et de civilisation. »
Cependant, elle met aussi en honneur les devoirs de citoyen en disposition qui doit concourir à l’ordre générale en observant les lois morales qui régissent la société, la famille et les individus.
Enfin, un lien solide est établi avec la philosophie traditionnelle de 1789 par une disposition comme celle-ci « la république reconnaît les droits et les devoirs antérieur et supérieur aux droit positif »
A- Les apports de la révolution de 1848
La révolution de 1789 avait institué l’égalité et proclamé la liberté, elle avait surtout établi un régime d’autonomie individuelle et de neutralité de l’état. Celui-ci devait s’abstenir d’intervenir dans l’exercice des droits naturels.
Le régime de 1848 assigne aux pouvoirs publics une action positive à l’égard de l’individu « L’état doit assurer une répartition équitable des charges et des avantages sociaux, d’augmenter l’aisance de chacun et de faire parvenir tous les citoyen à un degré toujours plus élevé de moralité, de lumière et de bien être. »
Deux obligations apparaissent ici « Le développement d’instruction publique et la liberté de d’enseignement. L’entrée en scène de la classe ouvrière avait fait apparaître le droit du travail et sa garantie comme une revendication a inscrire dans le cadre de l’action sociale du pouvoir.
L’assemblée constituante devait adopter une formule prudente. Le texte de la déclaration dispose que « La République reconnaît le devoir d’assurer l’existence des citoyens nécessiteux soit en les procurant du travail dans les limites de ses ressources, soit en donnant à défaut de la famille des secours à ceux qui sont hors d’état de travailler.
Dans ce cadre on se demande s’il s’agit véritablement du droit au travail ou simplement de l’assistance.
B - La déclaration de 1848 et l’individualisme révolutionnaire
L’article 8 du chapitre2 intitulé « Droits des citoyens garantis par la constitution » consacre la liberté d’association. Cette disposition découlait d’un esprit diamétralement opposé à celui de la loi CHAPELIER votée le 14 juin 1791 qui avait interdit au cours de la période révolutionnaire la création ou le maintien des associations, en particulier les corporations des métiers sous prétexte que tout groupement portait atteinte aux droits individuels.
Par conséquent, la constitution de 1848 abroge le contenu de la loi de CHAPELIER. De plus la famille est mise en honneur et considérée comme l’une des bases fondamentales de la République. D’autres organisations publiques sont prévues comme les institutions de prévoyance et de crédit. Par conséquent, l’individualisme révolutionnaire fait place aux droits économiques et sociaux des groupes.
Enfin, l’espérance politique mouvementée avait amené les rédacteurs de la constitution à plus de réalisme. Ce n’est plus l’homme universel qui est considéré mais désormais le citoyen. Ce sont les droits des citoyens qui sont compromis et cette approche concrète des droits et des devoirs se traduisent par des dispositions qui concernent les vieillards, les infirmes, les chômeurs et les enfants abandonnés.
Ceci se traduit par la confirmation des devoirs concrets aussi bien de l’Etat que l’individu. Ces obligations sont les obligations de la vie quotidienne, le travail, le paiement des traitements des cultes, l’enseignement gratuit et la formation professionnelle.
Il faut aussi signaler l’abolition définitive de l’esclavage et tout cela continue à s’inscrire dans les principes de 1789. Le préambule de la constitution de 1848 fait toujours du droit de propriété l’une des bases fondamentales de l’ordre social. Les autres libertés individuelles sont également proclamées comme la liberté d’opinion, l’inviolabilité du domicile et l’égalité d’accès aux emplois publics.
La constitution de 1852 reprend ces droits et libertés et les consacre de la même manière. Désormais tous ces droits font partie intégrante du système juridique et politique français.
Les lois de la constitution de 1875 ne comportent pas de préambule mais il faut signaler que la loi veut réglementer trois libertés essentielles : la liberté syndicale, les libertés d’association et la liberté de presse.
Le régime de démocratie libérale favorise l’exercice de toutes ces libertés jusqu‘en 1940.
Paragraphe 2 : La doctrine marxiste et les droits publics
C’est dans le mouvement des idées du XIVème siècle que s’élabore la théorie marxiste qui se veut théorie rigoureuse se proposant de réfuter les idées de la société libérale et donner une explication globale et matérialiste de l’histoire.
La misère de la classe ouvrière engendrée par la révolution industrielle avait contribué à favoriser un courant de pensée qui s’insurgeait surtout contre la classe avait profité des droits et libertés proclamés.
En 1848, la situation politique et sociale en France ne devait que se détériorer du fait des revendications de la classe des travailleurs et l’observation du gouvernement de GUIZOT à ne pas les satisfaire. C’est dans ce contexte, qu’est rédigé le manifeste du parti communiste par MARX et ENGELS. Cet ouvrage parait précisément en 1848.
En effet C. MARX rejette toute conception métaphysique des institutions humaines et se propose de donner une explication matérialiste de l’histoire et de là découle un certain nombre de conséquences.
L’homme se voit conditionné par les rapports de production qui existent dans la société et les lois sociales et politiques ne sont que le reflet de ces rapports. Donc tout dépend de l’avancée de la science et de la recherche car ce sont les instruments de production qui engendrent un type déterminé de société et qui permettent l’élaboration de telle ou telle règle dans les rapports politiques. Le moulin à eau engendre la société féodale avec ses seigneurs et serfs. La machine à vapeur engendre la société industrielle avec sa classe de capitalistes et la masse des prolétaires. Tous ces rapports se transforment au fait de l’évolution des ressources de production et toutes ces transformations se situent dans le contrôle de l’antagonisme permanant entre les classes sociales.
Ainsi MARX critique et condamne les principes de 1789 dans lesquels il ne voit qu’un moyen pour la classe bourgeoise d’évincer l’aristocratie pour prendre le pouvoir. La proclamation de ces droits pour MARX relève de la pure hypocrisie politique. Il propose qu’une distinction soit effectuée entre les droits eux même et les moyens de les mettre en œuvre.
Dans le mouvement historique MARX souligne le rôle nécessaire de la bourgeoisie qu’a su mettre fin aux pouvoirs de la féodalité. De même qu’il rappelle l’importance du mouvement constitutionnel libéral qui permettra certainement l’arrivée au pouvoir de la classe ouvrière.
A la liberté illusoire de la société bourgeoise, MARX propose la liberté réelle telle qu’elle pourra être exercée dans la société sans classe qui sera fondée par les prolétaires. C’est dans cette société pense t il que la disparition de l’aliénation due au système capitaliste pourra se faire.
La société sans classes réalisera la libération de l’homme par le fait des moyens matériels de production seront mis à la disposition de tous. Le moyen d’y arriver sera la suppression du pouvoir de la bourgeoisie et l’instauration du pouvoir de la classe ouvrière. Cela se fera par la révolution dont MARX souligne le caractère inéluctable.
Le pouvoir de la classe ouvrière se traduira dans une première phase par la dictature du prolétariat et dans ces conditions tous les moyens seront utilisés pour mettre fin au pouvoir des exploiteurs. Le pouvoir de la classe ouvrière pourra même faire bon marché des droits et libertés révolutionnaires.
La deuxième phase de la constitution de la société sans classes sera celle de la société socialiste. Là les droits seront réellement reconnus à tous les citoyens et tous auront les moyens de les exercer et ils pourront ainsi en jouir.
Cette conception des droits de l’homme sera exprimée dans les constitutions des démocraties populaires qui avec la révolution d’octobre 1917 et surtout après la 2ème guerre mondiale où l’on voit apparaître des pays en Europe centrale avec des constitutions socialistes.
Section 3 : La déclaration des droits de l’homme après la 1ère guerre mondiale
L’année 1918 sera une année importante pour ce qui est de l’évolution des institutions européennes. Cette importance apparaît d’abord sur le plan international et ceci du fait de l’écroulement des empires centraux et autoritaires (empires ottomans…..). Il apparaîtra aussi sur le plan institutionnel national car ou on voit surgir á cette époque un certains nombre d’Etat nouveau qui se dotent de constitution généralement libérale. En effet, celle-ci cherche á introduire dans le sillage du mouvement constitutionnel les principes des droits et libertés qui croyaient en avaient assurer la victoire á la France et á l’Angleterre. De plus, la révolution Russe de 1917 ne pouvait pas rester sans influence sur les déclarations de droits de l’homme de l’après guerre. C’est á dire que ces déclarations chercheront généralement á proclamer les libertés individuelles les complétant par des droits économiques et sociaux ainsi que par des droits collectifs.
Paragraphe 1 : La constitution de la république de Weimar du 11 Août 1919
Cette constitution devait régir l’Allemagne jusqu’en 1933, avait été rédigé á un moment où la sociale démocratie s’élevait au pouvoir. Par conséquent beaucoup de ces caractéristiques s’expliquent par l’inspiration socialiste qui animait ces auteurs. D’une manière générale, on y trouve une tendance á la limitation des libertés traditionnelles. Une tendance á l’affirmation des droits économiques et sociaux et á la consécration du rôle interventionniste de l’Etat. C’est ainsi que le droit des propriétés est consacré dans les termes habituelles mais son exercice est limitée par des exigences d’ordre économique et social. L’article 153 de la constitution affirme que la propriété entraîne des obligations, son usage doit être conforme á l’intérêt général. De même, le principe de la liberté économique est proclamé dans la limite des buts assignés á la vie économique. La constitution de Weimar consacre par ailleurs des droits économiques et sociaux tel que le droit au travail á la sécurité social, á la protection de la santé et on y trouve une volonté manifeste de prendre en considération l’homme ancré dans l’exercice des libertés individuelles.
La constitution consacre un principe fondamental qui est l’organisation économique selon les principes collectivistes et c’est la une influence des idées de la révolution russe de 1917. Cependant, la constitution de Weimar comme les constitutions européennes entre les deux guerres ne s’appliquera que d’une manière épisodique et cet échec sur le plan institutionnel et national sera d’un échec d’une portée considérable en ce qui concerne le programme social. L’avènement des régimes totalitaires puis la deuxième guerre mondiale feront apparaitre la nécessité d’une réaffirmation des droits individuels et collectifs dans les nouvelles constitutions.
Paragraphe 2 : La déclaration des droits de l’homme après la 2ème guerre mondiale
La fin des hostilités en 1945, marque le triomphe des démocraties libérales ou populaires sur les régimes totalitaires (fascisme et nazisme), la nouvelle république italienne et la république fédérale d’Allemagne, se dotent d’une nouvelle constitution qui répudie les bases idéologiques et les régimes déchus et consacrent les libertés individuelles et collectives ainsi que les droits économiques et sociales(1947). LA France de son côté se donne une nouvelle constitution celle du 27 Octobre 1946 qui est celle de la IV république. Cette constitution est précédée d’un préambule qui survivra dans la constitution de la V république instituée par la constitution de 1950.
Section 4 : Evolution des droits de l’homme après la 2èmeguerre mondiale
Le premier projet de constitution est rejeté, en avril 1986, lors du referendum et l’on s’est demandé s’il avait été déterminant dans l’attitude du lecteur. Il semble que le caractère hardi de certains formules notamment celle des droits économiques et sociales ainsi que la jouissance des droits traditionnelles ont poussé une partie du lectorat a voté non.
En effet le projet contenant les principes généraux de l’économie concernant la nationalisation, la liberté économique et ces formules, semblaient de nature á servir de base á une politique socio économique d’envergure. Ainsi, la dernière constitution va atténuer l’énoncé de certains principes dans l’intervention de rallier ceux qui avaient été………….par les termes du projet.
Le texte qui deviendra le préambule contient tout d’abord une réaffirmation des principes de 1789 qui retrouvent leurs places dans le droit positif comme droit inaliénable et sacré. Par ailleurs, le préambule consacre les principes fondamentaux reconnus par le droit de la République. Cette formule jugée obscur consacre les droits collectifs de la république. Mais dans ces conditions, il serait totalement inutile comme le droit syndical et la liberté d’association se trouvent expressément énoncé dans la suite du préambule. L’innovation étant constituée parce que le préambule appelle les principes collectifs économiques et sociaux particulièrement nécessaires á notre temps. Il y a donc un effort de consécration et de mise á jour des droits des citoyens, ce n’est plus l’homme abstrait qui est envisagé mais le citoyen qui a des droits précis qui comptait á faire valoir. C’est ainsi, que le travailleur a sa place dans la société, il a le droit á l’emploi. Il s’agit même du devoir du travailleur, á l’exercice de la liberté syndicale, le droit de faire grève lui ait reconnu et il participe á l’élaboration collective du travail. Cependant, si la seule référence á la propriété reste une disposition de 1789 qu’il a qualifié de droit inaliénable et sacré. Un nombre de dispositions du préambule affirme en effet que tous biens, toutes entreprises dont l’exploitation, a ou acquiert les caractères d’un service national doit devenir la propriété de la collectivité. Le même préambule consacre la participation des travailleurs á la gestion des entreprises et aucune disposition ne fait référence á la liberté économique. De plus, le préambule dispose que la nation assure á l’individu et á la famille les conditions nécessaires á leur développement. La prééminence de l’individu est maintenue mais une telle disposition fait une place á la famille et consacre une créance á l’égard de la société. La créance implique pour l’individu et la famille, le droit exigé de prestations matérielles, le préambule énumère ces prestations, la sécurité matérielle, le repos et les loisirs, la protection de la santé de l’enfant, de la mère et des vieux travailleurs. Le préambule ajoute que la nation garantit l’accès á l’enfant et á l’adulte l’enseignement et la culture. L’organisation de l’enseignement public laïque á tous libérés et un devoir de l’état. En effet, tous ces droits étaient déjà consacré dans les faits ce n’est donc pas une évolution qui est opérée mais seulement un bilan formulé solennellement dans le préambule dont la valeur juridique sera précisé par le conseil d’Etat
Paragraphe 1 : Les droits et libertés dans les constitutions socialistes d’après guerre
La conception des droits de ces constitutions émanent directement des philosophies marxistes. Cependant, on remarque un certain parallélisme formel avec les déclarations libérales. En effet, malgré les différences dans les conceptions, il y a des ressemblances qui sont parfois frappantes, ce sont les mêmes droits et libertés exprimées différemment car ces prérogatives doivent s’exercer dans une société socialiste et ceci entraîne un certain nombre de conséquence en ce qui concerne le moyen de les exercer et le but dans lesquelles elles s’exercent. Les constitutions socialistes reflètent les idées des théoriciens marxiste selon lesquelles les droits et libertés de la société bourgeoise sont abstraites et virtuelles et que leurs exercices est réservée á la classe dominante. Pour ces constitutions, l’Etat doit mettre á la disposition des individus et des groupes les moyens d’exercer ces libertés. Le procède utilisé est le suivant, la prééminence est accordée aux droits économique et sociaux et ce n’est qu’en deuxième position que viennent les droits des individus et traditionnelles, telle que la liberté de pensée, la liberté d’expression ainsi que l’inviolabilité du domicile. Ensuite les droits sont affirmés dans le premier alinéa de chaque article. Le deuxième alinéa étant consacré aux moyens d’exercer le droit proclamé.par exemple l’article 119 de la constitution soviétique de 1936 affirme dans son deuxième alinéa : ‘’ le droit au repos est assuré par l’établissement pour les ouvriers et les employés de la journée de 8h et par la réduction de la journée du travail á 7h pour certaines professions, par l’établissement des congés annuels avec maintien du salaire, par la mise á disposition des travailleurs d’un vaste réseau de sénatauriaum de maison de repos et de club’’. Les libertés proclamées ne peuvent s’exercer dans n’importe quelle direction, les citoyens en jouissent dans le cadre des exigences de l’ordre établi par les dispositions de la constitution et se trouve illustré par la place du chapitre sur les devoirs des citoyens á la fin de la constitution. Cela signifie que l’exercice de ces droits est subordonné á l’exécution des régimes. Ces prérogatives ne s’exercent que pour affiner les régimes socialistes. Il est reconnu au citoyen le droit de payer des associations conformes aux intérêts des travailleurs. Mais la constitution consacre le rôle dirigeant du parti communiste qualifiant comme avant-garde les travailleurs dans leurs luttes pour la constitution de la société. Les constitutions socialistes se distinguent des constitutions libérales par la place qu’il accorde aux droits nationaux. En effet, plusieurs pays socialistes ont une population composée de plusieurs éléments qui ne différencie pas l’origine ethnique, la langue et les traditions nationalistes parfois aussi la religion. Les droits nationaux sont ces prérogatives reconnus á ces différents groupes comme inhérent á la personnalité du groupe par exemple, le droit d’utiliser la langue maternelle dans l’enseignement de l’administration ainsi que dans l’expression artistique, le droit de développer et de protéger ses caractéristiques nationales, et parfois le droit d’avoir un territoire ou le groupe pourra développer sa personnalité. C’est ainsi que l’Urss est divisé en plusieurs républiques autonomes et que la Yougoslavie est une république fédérative comprenant une république par nationalité. La yougoslavie a même reconnu á chaque nationalité le droit de développer sa culture selon ses traditions en particulier il admet qu’une même langue puisse être écrite en deux alphabets différentes. La yougoslavie a même reconnu á la minorité musulmane de se constituer en nationalité et de se référer á la religion pour affirmer sa personnalité